LA REPRÉSENTATION AU TRAVAIL DES AIDES FAMILIAUX RÉSIDENTS INSCRITS AU PROGRAMME DES AIDES FAMILIAUX RÉSIDENTS AU QUÉBEC

Depuis les dernières années, nous assistons à une médiation accrue des problèmes liés au travail domestique. De 2008 à 2011, le Bureau International du Travail s’est penché plus amplement sur la question pour conclure que le secteur du travail domestique demeurait sous-évalué et encore lié à de larges préjugés. Parallèlement, la demande de services domestiques au Canada suit une tendance haussière, alimentée notamment par le vieillissement de la population et l’augmentation des couples à double carrière. Nous remarquons une pénurie d’études scientifiques en la matière. Beaucoup d’écrits se situent dans un courant féministe et, sans remettre en cause leur neutralité, affichent des idées revendicatrices. Souvent, les études scientifiques reliées au travail domestique au Canada n’abordent que partiellement le problème. Elles se limitent fréquemment à dépeindre de sombres conditions de travail. Ce point est attesté par de nombreux écrits, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, et ne peut être mis en cause. Par contre, peu de recherches portent sur la voix que possède ce groupe de travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail. Ce constat nous a amenés à conduire une recherche sur la représentation au travail des travailleurs domestiques au Québec, plus particulièrement, les travailleurs migrants qui sont inscrits sous le programme des aides familiaux résidents.

Ce mémoire cherche donc à examiner la configuration de la représentation au travail d’une population déterminée : les aides familiaux résidents travaillant sous le Programme des aides familiaux résidents (PAFR). La précarité au travail des aides familiaux résidents et le contexte plus général du travail domestique constituent un obstacle à une forme de représentation au travail traditionnelle. Plusieurs théories cherchent à décrire et comprendre les nouveaux visages de la représentation au travail, notamment en cherchant à déterminer qui sont les parties prenantes et quelles sont leurs méthodes d’action. À l’aide de ce corpus théorique, nous avons été en mesure de dresser un portrait de la représentation au travail de cette population de travailleurs migrants. Dans un premier temps, nous avons identifié les principaux acteurs qui œuvrent pour la représentation au travail des aides familiaux résidents au Québec. Dans un second temps, nous avons évalué les moyens que ces acteurs déploient pour exercer une représentation dans le contexte inhabituel du travail domestique. Dans un dernier temps, nous avons étudié les liens et les réseaux que ces acteurs tissent entre eux.

Nos résultats confirment une représentation au travail hétéroclite. Nous avons recensé 15 acteurs de nature et d'autorité très variés. Ces derniers ont été analysés selon leur identité, leurs actions et leurs réseaux puis ont été catégorisés en 6 groupes. Nous nous retrouvons avec des acteurs traditionnels, comme les syndicats, les organisations gouvernementales et les ministères, mais en grande majorité la représentation est constituée de nouveaux acteurs dans le système de relations industrielles classique. Les quasi-syndicats sont donc présents sur la scène de la représentation au travail des aides familiaux résidents et les deux types d’acteurs apprennent à collaborer entre eux afin d’atteindre des objectifs communs.

Finalement, la représentation diversifiée qui émerge pour les travailleurs domestiques sous le PAFR engendre un résultat concret sur les conditions de travail des aides familiaux résidents, mais demeure encore fragile.

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