L'entreprise et le politique

Les développements récents en éthique des affaires apportent une lumière nouvelle à l’épineuse question de la responsabilité sociale des entreprises. Selon la théorie des parties prenantes, les intérêts de ceux qui affectent et sont affectés par les activités d’une entreprise doivent être pris en compte dans les décisions managériales de celle-ci. La version forte de cette théorie s’avère inefficiente, tandis que la version faible se montre insuffisante. L’angle d’approche qui satisfait le mieux les critères d’efficience et de légitimité, et qui procure le juste équilibre entre la nature privée de l’entreprise et sa dimension publique, est la voie politique : la tâche revient aux citoyens de fixer, par l’entremise de l’État démocratique, le cadre à l’intérieur duquel les entreprises poursuivront leurs activités économiques. Cette perspective institutionnelle est mise au défi par les développements de la mondialisation économique, mais doit seulement être adaptée. D’une part, puisque l’État national recule face à des pressions idéologiques bien plus qu’à de prétendus impératifs économiques, son pouvoir d’intervention doit être réhabilité, d’autant plus qu’il n’est pas à court de moyens pour contraindre les activités des multinationales. D’autre part, pour compenser la faiblesse et la dispersion des sphères de régulation transnationales, il nous faut miser sur le renforcement de la légitimité et de l’efficacité d’institutions transnationales fédératrices, actuellement incarnées dans les agences de l’ONU.

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