Depuis le 1er janvier 2012, un programme de rabais à l’achat ou à la location de véhicules électriques neufs existe au Québec. Ce dernier peut permettre de bénéficier de rabais allant jusqu’à 8 000$ à l’achat de véhicules entièrement électriques ou hybrides rechargeables. L’importance du rabais dépend de la taille des batteries équipant le véhicule. Ce programme a été implanté afin d’inciter les consommateurs à acheter de tels véhicules en diminuant le coût relié à leur achat. Avec un impact environnemental moins important que les véhicules à motorisation traditionnelle, une plus grande adoption de ces véhicules par les consommateurs permettrait à l’ensemble des Québécois de bénéficier de la diminution des émissions atmosphériques liée à leur utilisation. Toutefois, compte tenu de l’ampleur des rabais par véhicule, on peut se questionner sur la rentabilité économique de ce programme. C’est pourquoi nous avons décidé d’effectuer une analyse coûts-bénéfices de celui-ci qui permet d’aller plus loin qu’une analyse financière de la question en tenant compte des bénéfices sociaux des polluants évités grâce au programme. Dans le cadre de notre analyse, nous avons tenu compte des coûts des rabais, de l’administration du programme et de l’électricité supplémentaire consommée par les véhicules qui ont été achetés grâce au programme. Quant aux bénéfices considérés, ce sont le carburant économisé grâce à ces mêmes véhicules, la diminution des émissions polluantes et la réduction du nombre de changements d’huile requis par ceux-ci. Un questionnaire d’évaluation contingente a été élaboré dans le but de déterminer les probabilités d’achat de véhicules électriques à différents niveaux de coûts et de bénéfices. Ceci nous a permis d’estimer les portions des demandes de véhicules hybrides rechargeables et de véhicules entièrement électriques attribuables au programme. Nous avons trouvé que ce sont 46,6% des véhicules hybrides rechargeables et 50,08% des véhicules entièrement électriques depuis 2012 qui ont été achetés grâce au programme.
Avec toutes ces informations, nous avons déterminé la valeur actualisée nette de ce programme avec différents scénarios de pourcentage du kilométrage des véhicules hybrides rechargeables (VHR) qui se fait à l’aide du moteur électrique et avec des taux d’actualisation de 6%, 8% et 10%. Nous avons aussi vérifié l’effet de modifier l’horizon temporel sur lequel nous analysions les effets du programme sur le signe de la valeur actualisée nette en plus d’examiner la rentabilité économique du programme lorsque l’on ne considère pas les bénéfices intangibles qui lui sont liés. Une analyse du seuil où le coût marginal des fonds du Gouvernement du Québec rend la VAN nulle dans le cadre de différents scénarios a aussi été réalisée.Dans les cas où nous considérons un horizon temporel d’au moins 7 ans, le programme semble être économiquement avantageux pour la population québécoise avec un taux d’actualisation utilisé de 8%. Aussi, nous trouvons une valeur actualisée nette se situant entre une perte de près de 200 000 dollars et un gain de plus de 880 000 dollars lorsque nous faisons varier conjointement les hypothèses sur le taux d’actualisation et sur le pourcentage du kilométrage électrifié des véhicules hybrides rechargeables en considérant les principaux bénéfices liés au programme. Toutefois, le programme est toujours rentable économiquement lorsqu’au moins 70% du kilométrage des VHR est électrifié, ce qui est une hypothèse réaliste compte tenu du fait que le kilométrage quotidien moyen effectué par les Québécois est plus petit que l’autonomie moyenne en mode électrique des VHR pondérée par leur présence sur nos routes.