Le présent mémoire vise à réaliser une étude généalogique de l’évolution du rapport à l’efficacité au sein du métro de Montréal, depuis son ouverture en 1966. On y étudie l’efficacité à travers différents événements de perturbation du service, catégorisés selon leur dimension humaine ou non-humaine et selon leur dimension interne ou externe, afin de déterminer si l’évolution des objectifs de gestion s’accompagne d’une évolution de la définition de l’efficacité. Notre analyse se construit sur la méthode développée par Michel Foucault, complétée par l’apport de Bruno Latour à l’étude d’objets sociotechniques, encore peu abordés en sciences humaines et politiques. On participe de la sorte à l’étude d’enjeux trop peu traités dans les écrits scientifiques et considérés comme des prémisses dans les théories gestionnaires. De même, cette étude s’avère utile à une repolitisation d’enjeux trop souvent essentialisés, alors qu’ils sont au centre de nombreux rapports de force.
Le caractère politique de la définition de l’efficacité a été confirmé par notre travail en archives au sein de la Société de transport de Montréal et à partir de différentes bases de données journalistiques et l’on a pu déterminer que le développement du néolibéralisme est allé de pair avec une évolution vers une définition de moins en moins ancrée dans un rapport à la matérialité et de plus en plus centrée sur le ressenti. Cette transformation s’est accompagnée d’une évolution de la temporalité gestionnaire vers une approche de plus en plus réactive aux événements imprévus, voire à leur simple potentialité.