Cette thèse a pour objectif d’amener à une meilleure compréhension de la consommation collaborative (CC) en l’explorant sous l’angle des pratiques de multiples vies des objets (PMVO). Elle vise ainsi, tout d’abord, à travers l’article 1, à identifier les différentes forces macro-environnementales ayant permis le (re-)développement d’échanges collaboratifs accordant une plus grande importance au consommateur. Et à souligner l’impact de ce développement de la praxis au niveau du repositionnement conceptuel du phénomène. La consommation collaborative résulte ainsi d’une conjonction de facteurs macro-environnementaux technologiques tels que le développement du Web 2.0; économiques avec le ralentissement économique mondial ; politiques, avec la fragilisation des entités étatiques ; et sociétaux, avec l’importance croissante de la consommation en tant que projet central de l’individu, dans les sociétés post-modernes. La consommation collaborative étant un ensemble relativement vaste et hétéroclite, la recherche se focalise ensuite sur une de ses composantes majeures, à savoir les pratiques de multiples vies des objets, lesquelles ont pour dénominateur commun d’étendre la durée de vie utile des objets à travers un transfert de bien tangible. L’article 2 propose ainsi un cadre conceptuel holistique permettant de mettre en lumière les dimensions sous-jacentes autour desquelles s’articulent les différentes pratiques permettant d’allonger le cycle de vie d’un produit par le biais de l’échange. Ces dimensions font référence au continuum d’échange (don vs revente), au continuum de structuration multicanal (en ligne vs hors ligne) et au continuum d’intermédiation (sans intermédiaire vs avec intermédiaire intégrateur). Elles offrent des opportunités d’offrir de la valeur ajoutée aux consommateurs, au-delà de l’achat neuf, soit lors des phases d’acquisition et de délaissement. L’économie collaborative ayant connu une expansion fulgurante du fait de l’avènement des technologies internet et mobile, l’article 3 explore plus en détail une pratique collaborative, la revente en ligne, laquelle permet de donner une nouvelle vie aux objets grâce au canal Internet. L’étude identifie six motivations à la revente en ligne (protestataire, économique, générative, récréationnelle, pragmatique, et sociale) et classe les consommateurs en trois catégories (expérimentateurs sporadiques, pragmatiques, et aficionados connectés), selon leur niveau motivationnel à s’engager dans la revente. Enfin, au travers de l’article 4, deux échelles distinctes sont proposées : (1) une échelle des motivations aux pratiques de multiples vies des objets dans leur ensemble, et (2) une échelle des impacts perçus par les consommateurs de leurs pratiques de multiples vies des objets. L’objectif ultime étant de démontrer dans quelle mesure les impacts perçus peuvent avoir une influence sur les motivations à s’engager dans les pratiques de multiples vies des objets. Cette thèse offre la contribution théorique d’une redéfinition conceptuelle de la consommation collaboration et des pratiques de multiples vies des objets, ainsi que d’une identification, au niveau agrégé, des motivations aux pratiques de multiples vies des objets et au niveau plus granulaire, à la revente en ligne. Les antécédents motivationnels peuvent par ailleurs s'intégrer dans la structure de super-facteurs motivationnels classiques de la consommation, ancrés dans le cadre analytique de la valeur, tout en l’augmentant. Au niveau managérial, la thèse offre des outils de mesure opérationnalisables des motivations aux pratiques de multiples vies des objets, et aux impacts perçus ainsi qu’aux motivations à la revente en ligne.