Une main tendue. Partenariats dans le domaine du crédit solidaire et renouveau du projet fondateur des caisses. Deux cas : Caisse d'épargne et ADIE en France, Caisse populaire Desjardins et ACEF au Québec.

Ce mémoire tente de répondre à la question : comment les caisses d’épargne françaises et les caisses populaires Desjardins renouvellent-elles leur projet fondateur grâce à des partenariats de crédit solidaire ? La revue de littérature sur ces deux types de caisses fait ressortir des similitudes entre deux institutions financières de l’économie sociale institutionnalisée. Toutes deux sont dans la mouvance de l’économie sociale à leur formation et se trouvent aujourd’hui soumises aux mêmes défis de la concurrence, au même risque de banalisation, mais elles demeurent attachées à valoriser leur distinction coopérative, notamment dans le domaine du crédit solidaire au travers des partenariats avec des associations. Nous faisons l’hypothèse que le projet fondateur des caisses, entendu comme une innovation sociale, est renouvelé par une autre innovation sociale (à savoir le micro-crédit solidaire), au travers un partenariat avec une association de la nouvelle économie sociale ou économie solidaire. La perspective de C. Vienney permet de rendre compte de l’évolution des caisses. L’innovation sociale est abordée avec une combinaison des approches du Centre de recherche sur les innovations sociales dans l’économie sociale, les entreprises et les syndicats (CRISES) et de C. Vienney. Les données, dans une démarche de recherche qualitative, sont recueillies par collecte documentaire et entrevues. Elles sont présentées sous forme de deux monographies, deux cas de partenariats de micro-crédit solidaire, l’un entre la Caisse d’Épargne Île-de-France Paris (CE-IDF-P) et l’Association pour le droit à l’initiative économique, délégation Île-de-France (ADIE-IDF), l’autre entre la Caisse populaire Desjardins de Lévis et l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de la Rive-Sud de Québec. Les résultats de la recherche montrent que les partenariats apparaissent bien comme des innovations sociales qui tentent d’apporter une solution collective à une demande sociale non prise en charge par le marché. Les partenaires s’entendent sur un compromis, une offre de crédit solidaire mais à certaines conditions, principalement d’accompagnement. Les partenariats réactualisent ainsi le projet fondateur et innovant des caisses, tout en appuyant le renouvellement des organisations de l’économie sociale. Les études de cas font en outre apparaître un très riche tissu de partenaires (associatifs et communautaires, publics, privés), un rôle différent de l’État, davantage partenaire au Québec et encadrant en France. Hormis la co-production des services avec les usagers et l’apprentissage à travailler ensemble, on ne constate pas d’innovation sociale majeure en matière d’organisation du travail. Enfin, le contexte semble très favorable à l’institutionnalisation de ces initiatives, mais la question de l’intégration à long terme des clients de prêts solidaires reste ouverte.

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