Depuis 1957, l’intégration économique est en marche. La mise en place du marché commun (1986 et 1993) et l’adoption de la monnaie unique (1999) sont des temps forts de cette intégration. Au niveau de la littérature académique économique et en économie politique, deux courants principaux étudient la dynamique de cette intégration: d’abord, les partisans de la théorie des zones monétaires optimales (endogènes ou non), et ensuite, le courant de la convergence économique. Le premier courant développe une analyse qui associe la convergence économique à l’utilisation de la monnaie unique. Le second courant étudie l’ouverture des échanges et les dynamiques de convergence qui en résultent. Dans ce contexte, le cas européen est particulièrement intéressant.
En Europe, l’ouverture des échanges par la mise en place du marché commun et de l’intégration monétaire offre un cadre unique pour l’analyse de l’intégration et de la convergence européennes. Ce mémoire a pour premier objectif d’étudier la relation conceptuelle entre intégration et convergence dans le contexte européen. Pour cela, nous allons nous appuyer sur les littératures initiées par Krugman (1993) et Eichengreen (1993, 2013) sur les questions de convergence, d’intégration et de commerce international. À l’analyse conceptuelle, nous ajoutons ensuite une perspective empirique originale, non pas au niveau macroéconomique, mais au niveau mésoéconomique. En nous appuyant sur une base de données unique, nous allons analyser la dynamique de l’intégration européenne en utilisant les grappes industrielles comme unité d’analyse. En effet, notre hypothèse est que la libéralisation des échanges au sein de l’Europe, accompagnée par l’utilisation d’une monnaie unique, doit avoir un effet sur les chaînes de valeur des entreprises multinationales et leur regroupement au sein de grappes industrielles. Ces dernières ont des localisations qui sont le résultat des avantages comparatifs infra-nationaux et faisant ainsi de la spécialisation régionale industrielle une dynamique supra-nationale.
Cette hypothèse est testé à l’aide de notre base de données sur les 60 grappes industrielles en Europe entre 1991 et 2014. Nous proposons une analyse du cycle de vie des grappes industrielles dans une perspective d’économie géographique. En conclusion, les résultats montrent une spécialisation régionale infranationale de l’économie européenne. En somme, l’intégration européenne semble donc, en sus de la convergence macroéonomique nationale, s’accompagner d’une spécialisation régionale, relançant ainsi le débat sur la question de la pertinence de la convergence.