LES IMPACTS DE LA STRUCTURE ORGANISATIONNELLE SUR LA PERFORMANCE DES PROCESSUS DE PRISE DE DÉCISION DANS LES RÉGIES RÉGIONALES DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX

Le principal objectif de ce mémoire est de mettre en lumière les impacts de la structure organisationnelle sur la performance des processus de prise de décision dans deux régies régionales de la santé et des services sociaux du Québec. Dans le but de faire un pas de plus dans notre compréhension de ce phénomène, nous postulons que l’efficience et l’efficacité des processus de prise de décision varient en fonction de la relation de contingence qui s’établit entre le type de structure organisationnelle et le degré de complexité des dossiers qu’elle doit traiter. Sur la base de ce dernier postulat, nous érigeons une série de quatre hypothèses complémentaires qui tiennent compte de la complexité des dossiers. La première hypothèse stipule que les dossiers complexes seront traités par des processus plus efficaces dans une structure matricielle que dans une structure fonctionnelle alors que la seconde hypothèse énonce que les dossiers plus complexes seront traités par des processus moins efficients dans une structure matricielle que dans une structure fonctionnelle. Notre troisième hypothèse suggère que les dossiers peu complexes seront traités par des processus plus efficients dans une structure fonctionnelle que dans une structure matricielle. Enfin, la quatrième hypothèse postule que les dossiers peu complexes seront traités par des processus de même efficacité et ce, indépendamment du type de structure. Ces hypothèses de recherche sont mises à l’épreuve par six études de cas rédigées à partir de l’histoire de trois dossiers communs aux deux régies régionales et présentant un degré de complexité croissant. Nos résultats de recherche suggèrent que la régie régionale possédant les paramètres de conception d’une structure matricielle (adhocratique) est plus efficiente et plus efficace que la régie régionale ayant une structure fonctionnelle et ce, peu importe le niveau de complexité des dossiers. Cette tendance est marquée pour les dossiers touchant aux « orientations ministérielles en matière de planification des naissances » ainsi qu’aux « stratégies de libération des lits de courte durée » dans les Centres hospitaliers. Par ailleurs, aucune différence de performance n’a été notée entre les deux régies régionales au niveau du « Programme québécois de dépistage du cancer du sein ». L’utilisation de la perspective de la contingence, qui ne considère dans notre étude que les paramètres de conception de la structure (Mintzberg, 1979) et le niveau de complexité des dossiers, ne s’avère pas suffisamment puissante pour pouvoir prédire la performance des processus de prise de décision des régies régionales. Il serait judicieux que les futures recherches considèrent, dans un rapport dialectique, un plus grand ensemble de variables afin de mieux saisir la dynamique qui anime la performance des processus de prise de décision. C’est dans cette optique que nous proposons, à partir de nos observations, un modèle théorique alternatif qui tient compte à la fois des caractéristiques des acteurs (Bouchikhi, 1990), de la culture organisationnelle (Tunstall, 1985), de l’environnement politico-administratif (Mintzberg, 1979), du type de structure (Mintzberg, 1979), des caractéristiques des processus de prise de décision (Mintzberg, 1976; Hickson, 1986; Nutt, 1984) ainsi que du niveau de complexité et du caractère politique des dossiers (Hickson, 1986) comme prédicteurs de l’efficience et de l’efficacité (Nutt, 2000, 2002) des processus de prise de décision. Même si nos résultats suggèrent que la structure adhocratique (matricielle aplatie) s’avère plus efficiente et plus efficace dans le traitement des dossiers, cela n’implique pas pour autant que les régies régionales de la santé et des services sociaux du Québec doivent nécessairement s’orienter vers ce type de modèle d’organisation. Cependant, pour les régies régionales qui évoluent dans un environnement dynamique, c’est-à-dire imprévisible et juché de crises politiques, une structure plus flexible organisée autour de programme-clientèle (Charns et Tewksbury, 1993) peut s’avérer judicieux. D’autre part, avec la nouvelle Loi sur la gouverne, les p.-d.g., étant imputables des résultats de l’organisation, auront probablement tendance à vouloir centraliser les processus de prise de décision. Pour les régies régionales évoluant dans des environnements complexes, cette centralisation peut s’avérer plus nocive que bénéfique pour la performance de leur organisation. En effet, nos études de cas suggèrent que la décentralisation verticale vers les professionnels augmente la performance des processus de prise de décision. Par conséquent, plutôt que de centraliser les processus, les dirigeants dont l’organisation évolue dans des environnements complexes auraient avantage à laisser une plus grande autonomie aux professionnels tout en les rendant, par ailleurs, imputables de leurs résultats.

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