Structure familiale endogène et revenus des chefs de famille : le cas de la Tunisie rurale

La présence de familles élargies dans les pays en voie de développement (PVD) a poussé des économistes à se questionner sur l’impact de ce phénomène sur les revenus et l’accumulation de la richesse à l’intérieur du ménage. Un courant de la littérature économique fait valoir qu’il existe un sens unique à cette relation qui fait en sorte que la taille des ménages, qui influence les revenus, ne peut pas être à son influencée par les revenus des chefs de famille. Comme nous le montrerons dans la revue de la littérature, tout porte à croire que cette hypothèse théorique peut s’avérer fausse. Dans un tel cas, les études empiriques antérieures qui auraient omis cette possibilité pourraient bien avoir sous-estimé l’impact de la taille des ménages sur les revenus. Le premier objectif de ce travail a donc été de vérifier empiriquement la simultanéité entre les revenus des chefs de famille et la taille de leur ménage. Pour y arriver, nous avons spécifié un modèle économétrique à deux équations qui permet la prise en compte de la simultanéité entre ces deux variables et l’avons estimé en appliquant les techniques économétriques adéquates. Nous utilisons des données provenant du secteur rural en Tunisie qui, après vérification, sont représentatives de la population à l’étude. Deux tests statistiques sur notre modèle nous permettent de rejeter l’hypothèse d’absence de simultanéité entre la taille des ménages et les revenus des chefs de famille, confirmant du même coup notre hypothèse de départ. Nous trouvons également que l’omission du caractère endogène de la taille des ménages sous-estime la contribution de cette variable aux variations des revenus au point de ne plus être significative dans notre modèle. Finalement, le fait de postuler que la taille des ménages est exogène aux revenus mène à une sur-estimation de l’impact des transferts gouvernementaux vers les ménages. Les autres paramètres du modèle sont de signes attendus et significativement différents de zéro.

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